Page:Leblanc - L’Agence Barnett et Cie, 1933.djvu/128

Cette page a été validée par deux contributeurs.
120
L’AGENCE BARNETT ET Cie

curé et au maire, et prit son repas à l’auberge. À deux heures, il pénétrait dans l’étroit jardin qui descendait jusqu’à la terrasse et que coupait en deux une petite bâtisse sans style et délabrée qu’on appelait le Manoir. Par l’intermédiaire d’une vieille bonne, il se fit annoncer à Mlle d’Alescar et fut aussitôt reçu dans une salle basse et simplement meublée, où cette demoiselle causait avec un monsieur.

Elle se leva. Le monsieur aussi. Béchoux reconnut Jim Barnett.

« Ah ! enfin, te voilà, cher ami, s’écria Barnett joyeusement et la main tendue. Quand j’ai vu, ce matin, dans les journaux, la nouvelle de ton départ pour la Creuse, vite j’ai pris ma 40-chevaux, afin de me mettre à ta disposition, et je t’attendais. Mademoiselle, je vous présente l’inspecteur Béchoux, envoyé spécial de la Préfecture. Avec lui, vous pouvez être tranquille, il a dû déjà débrouiller toute cette affaire. Je ne connais personne d’aussi débrouillard. C’est un maître. Parle, Béchoux. »

Béchoux ne parla point. Il était abasourdi. La présence de Barnett, qui était bien la dernière chose qu’il eût envisagée, le désemparait et l’horripilait. Encore Barnett ! Toujours Barnett ! Il devait donc se heurter encore à l’inévitable Barnett et subir son exécrable collaboration ? N’était-il pas avéré que, dans toute affaire à laquelle il se mêlait, Barnett n’avait pas d’autre but que de duper et d’escroquer ?

De quoi, d’ailleurs, Béchoux eût-il parlé, puisque, jusqu’ici, il avait pataugé dans les ténèbres les plus épaisses et ne pouvait se prévaloir de la moindre découverte ?

Béchoux se taisant, Barnett reprit :