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LES DOUZE AFRICAINES DE BÉCHOUX

« Respire, Béchoux, et ne t’évanouis pas. »

Béchoux ne s’évanouit pas, mais il essuya quelques larmes furtives. La joie, l’émotion lui étreignaient la gorge. Certes, il ne doutait point que Barnett lui eût fourré l’enveloppe dans sa poche dès son entrée et durant leurs effusions. Mais les douze Africaines n’en étaient pas moins là, entre ses mains frémissantes, et Barnett ne lui apparaissait plus du tout comme un filou.

Recouvrant tout à coup ses forces, il se mit à gambader et à danser un pas espagnol, en s’accompagnant d’imaginaires castagnettes.

« Je les ai ! Au bercail, les Africaines ! Ah ! Barnett, quel grand bonhomme tu es ! Il n’y a pas deux Barnett au monde, il n’y en a qu’un, le sauveur de Béchoux ! Barnett, tu mérites une statue ! Barnett, tu es un héros ! Mais comment diable as-tu pu réussir ? Raconte, Barnett ! »

Une fois de plus, la façon dont Barnett avait mené les événements stupéfiait l’inspecteur Béchoux. Stimulé par sa curiosité professionnelle, il demanda :

« Et alors, Barnett ?

— Alors, quoi ?

— Eh ! oui, comment as-tu démêlé tout cela ? Où se trouvait le paquet ? « Dans la maison sans y être », aurais-tu dit ?

— « Et hors de la maison, tout en y étant », plaisanta Barnett.

— Raconte, implora Béchoux.

— Tu donnes ta langue au chat ?

— Tout ce que tu voudras.