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— Non certes, déclara François.

— Alors pourquoi as-tu admis, pourquoi avez-vous tous admis, que Maguennoc pût arriver à ce résultat, lui, rien qu’en recueillant de la terre en certains endroits de l’île, et à certaines heures déterminées ? C’est un miracle cela, et vous l’avez accepté sans hésitation, inconsciemment. »

Stéphane objecta :

« Nous avons accepté ce dont nous étions témoins.

— Mais vous l’avez accepté comme un miracle, c’est-à-dire comme un phénomène que Maguennoc provoquait par des moyens spéciaux et, en vérité, surnaturels. Tandis que moi, en lisant ce détail dans la lettre de d’Hergemont, tout de suite, j’ai… comment dirai-je ?… j’ai « tiqué »… Tout de suite j’ai fait le rapprochement entre ces fleurs monstrueuses et le nom que portait le Calvaire Fleuri. Et ma conviction fut immédiate : « Non Maguennoc n’est pas un sorcier. Il a simplement déblayé autour du calvaire un terrain inculte, où il lui a suffi d’apporter une couche d’humus pour que jaillissent des fleurs anormales. Donc la Pierre-Dieu est là en dessous, la Pierre-Dieu qui, au moyen âge faisait jaillir les mêmes fleurs anormales, la Pierre-Dieu, qui, au temps des Druides, guérissait les malades et fortifiait les enfants. »

— Et par conséquent, fit observer Patrice, il y a miracle.

— Il y a miracle si l’on accepte les explications surnaturelles. Il y a phénomène naturel si l’on recherche et si on trouve les causes physiques, capables de susciter le miracle apparent.

— Mais ces causes physiques n’existent pas !

— Elles existent puisque vous avez vu des fleurs monstrueuses.

— Alors, demanda Patrice, non sans ironie, il y a une pierre qui peut, naturellement, guérir et fortifier ? Et cette pierre, c’est la Pierre-Dieu ?

— Il n’y a pas une pierre spéciale, unique. Mais il y a des pierres, des blocs de pierre, des roches, des collines et des montagnes de roches, qui contiennent des gise-