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vêtements, et l’a maquillé de façon à lui donner son apparence à lui, Vorski. La justice militaire, trompée, fit enterrer le faux Vorski à Fontainebleau. Quant au Vorski véritable, il avait la malchance d’être arrêté une fois encore, sous son nouveau nom de Lauterbach, et interné au camp de Pontivy.

« Voilà pour Vorski. D’autre part, Elfride, sa première femme, la complice redoutable de tous ses crimes, Allemande elle aussi (je possède sur elle et sur leur passé commun quelques détails qui importent peu, et dont je trouve inutile de faire mention). Elfride, dis-je, complice, est cachée avec leur fils Raynold dans les cellules de Sarek. Il l’y a laissée avec l’ordre d’espionner M. d’Hergemont et d’arriver par lui jusqu’à Véronique d’Hergemont. Les raisons qui font agir cette misérable, je les ignore. Dévouement aveugle, peur de Vorski, instinct du mal, haine contre la rivale qui l’a remplacée, n’importe ! elle a subi le plus effroyable châtiment. Parlons seulement du rôle qu’elle a joué, sans essayer de comprendre comment elle a eu le courage de vivre trois ans sous terre, ne sortant que la nuit, volant sa nourriture et celle de son fils, et attendant patiemment le jour où elle pourrait servir et sauver son seigneur et maître.

« J’ignore aussi la série des fais qui lui ont permis d’entrer en action, et de même, la manière dont Vorski et Elfride ont pu communiquer. Mais ce que je sais de la façon la plus certaine, c’est que l’évasion de Vorski fut préparée longuement et minutieusement par sa première femme. Tous les détails en furent réglés. Toutes les précautions furent prises. Le quatorze septembre de l’année dernière, Vorski s’évadait, emmenant avec lui deux acolytes avec lesquels il s’était lié pendant sa captivité, et qu’il avait pour ainsi dire enrôlés, le sieur Otto et le sieur Conrad.

« Voyage facile. À chaque croisement, une flèche, accompagnée d’un numéro d’ordre et surmontée des initiales V. d’H. (initiales évidement choisies par Vorski) indiquait la route à suivre. De temps à autre, dans une cabane abandonnée, sous une pierre, au creux