Page:Leblanc - L’Île aux trente cercueils.djvu/241

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Vorski réfléchit.

L’argument était péremptoire. Il prononça, interrogeant à son tour :

« Bref, qu’est-ce que tu m’offres ?

— La liberté.

— Et avec ça ?

— Rien.

— Si, la Pierre-Dieu.

— Jamais ! »

L’exclamation de don Luis fut violente, accompagnée d’un geste coupant, et il l’expliqua :

« Jamais ! La liberté, au pis aller, oui, et parce que tel que je te connais et dénué de toute ressource, tu iras te faire pendre ailleurs. Mais, la Pierre-Dieu, ce serait le salut, la richesse, la puissance, le pouvoir de faire le mal…

— C’est justement pour cela que j’y tiens, dit Vorski, et, en me confirmant ce qu’elle vaut, tu me rends plus exigeant en ce qui concerne François.

— Je trouverai François. C’est une question de patience et, s’il le faut, je resterai deux ou trois jours de plus.

— Tu ne le retrouveras pas, et, si tu le retrouves, il sera trop tard.

— Pourquoi ?

— François n’a pas mangé depuis hier. »

Cela fut dit froidement, méchamment. Il y eut un silence et don Luis reprit :

« En ce cas, parle, si tu ne veux pas qu’il meure.

— Que m’importe ? Tout plutôt que de manquer ma tâche et de m’arrêter dans le chemin que je suis. J’atteins au but : tant pis pour ceux qui s’interposent entre ce but et moi.

— Tu mens. Tu ne laisseras pas mourir cet enfant, qui est le tien.

— J’ai bien laissé mourir l’autre. »

Patrice et Stéphane eurent un geste d’horreur, tandis que don Luis riait franchement.

« À la bonne heure ! Pas d’hypocrisie avec toi.