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XIII

« ÉLI, ÉLI, LAMMA SABACTHANI ! »



Les préparatifs ne furent pas longs, et Vorski s’y employa lui-même avec activité. Il appuya l’échelle contre le tronc de l’arbre, passa l’une des extrémités de la corde autour de sa victime et l’autre autour d’une des branches supérieures, et, juché au dernier échelon, il enjoignit à ses complices :

« Tenez, vous n’avez plus qu’à tirer. Mettez-la debout d’abord, et que l’un de vous la maintienne en équilibre. »

Il attendit un moment. Mais, Otto et Conrad s’entretenant à voix basse, il s’exclama :

« Dites donc, vous pourriez vous hâter… d’autant que j’offre une cible un peu trop commode, si l’on s’avisait de m’envoyer une balle ou une flèche. Ça y est ? » Les deux acolytes ne répondirent pas.

« Eh bien, elle est raide celle-là ! Qu’y-a-t-il encore ? Otto… Conrad… »

Il sauta à terre et les rudoya.

« Vous en avez de bonnes tous les deux. Avec un pareil système, nous y serons encore demain matin… et tout sera manqué. Mais réponds donc, Otto. » Il lui colla la lumière sur le visage.

« Voyons, quoi ? serait-ce que tu refuses ? Faudrait le dire ! Et toi, Conrad ? On fait grève alors ? »

Otto hocha la tête.

« Grève… c’est aller un peu loin. Mais Conrad et moi, nous ne serions pas fâchés d’avoir quelques explications.