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« Dépêchons-nous, mon chéri, il faut nous mettre à l’abri de leurs poursuites. Il faut s’en aller.

— Oui, dit-il, et surtout s’en aller de Sarek. J’ai combiné un plan de fuite qui doit forcément réussir. Mais, avant tout, Stéphane… qu’est-il devenu ? J’ai entendu au-dessous de ma cellule le bruit dont je t’ai déjà parlé, et je crains…  »

Sans répondre à sa question, elle l’entraîna par la main.

« J’ai beaucoup de choses à te révéler, mon chéri, des choses douloureuses que tu ne dois plus ignorer. Mais tout à l’heure… Pour l’instant, il faut nous réfugier au Prieuré. Cette femme va chercher du secours et nous poursuivre.

— Mais elle n’était pas seule, maman, quand elle est entrée brusquement dans ma cellule et qu’elle m’a surpris en train de creuser le mur. Quelqu’un l’accompagnait…

— Un enfant, n’est-ce pas ? un garçon de ta grandeur ?

— Je ne l’ai guère vu. Ils se sont jetés sur moi, la femme et lui, ils m’ont attaché et porté dans le couloir, puis la femme est partie un moment, et, lui, il est revenu vers la cellule. Il connaît donc maintenant ce tunnel et l’issue qui débouche au Prieuré.

— Oui, je sais, mais nous aurons facilement raison de lui, et nous boucherons cette issue.

— Mais il reste le pont, qui relie les deux îles, objecta François.

— Non, dit-elle, je l’ai incendié. Le Prieuré est absolument isolé. »

Ils marchaient rapidement, Véronique pressant l’allure, François un peu inquiet des paroles que prononçait sa mère.

« Oui, oui… disait-il, je me rends compte, en effet, qu’il y a beaucoup de choses que j’ignore, et que tu m’as cachées pour ne pas m’effrayer, maman. Ainsi ce pont que tu as brûlé… Avec l’essence préparée, n’est-ce pas ? et comme c’était convenu avec Maguennoc en cas de péril ?… On te menaçait donc aussi, et la lutte avait