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L’ÉCLAT D’OBUS

nard s’était livré. Il protesta, d’un ton de reproche :

— Oh ! Bernard…

Le jeune homme s’écria avec innocence :

— Ah ! te voilà, Paul ? Vite ! Monseigneur et moi, nous t’attendions. Enfin, nous allons expédier cette affaire !

Il alla se placer devant ses hommes, à dix pas du prince.

— Vous êtes prêt, monseigneur ? Ah ! décidément, vous préférez de face… Parfait ! D’ailleurs vous êtes bien plus sympathique de face. Ah ! par exemple, les jambes moins molles, s’il vous plaît ! Un peu de ressort !… Et le sourire, n’est-ce pas ? Attention… Je compte… Un, deux… Souriez donc, sacrebleu !…

Il avait baissé la tête, et il tenait contre sa poitrine un petit appareil de photographie. Presque aussitôt le déclic se produisit. Il s’exclama :

— Voilà ! Ça y est ! Monseigneur, je ne saurais trop vous remercier. Vous y avez mis une complaisance, une patience ! Le sourire est peut être un peu forcé, la bouche conserve son rictus de condamné à mort, et les yeux ont un regard de cadavre. À part ça, l’expression est charmante. Tous mes remerciements.

Paul ne put s’empêcher de rire. Le prince Conrad n’avait pas très bien compris la plaisanterie. Pourtant il sentait que le danger avait disparu, et il tâchait de se raidir comme un monsieur qui supporte toutes les infortunes avec une dignité méprisante. Paul Delroze lui dit :

— Vous êtes libre, monseigneur. Un des