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L’ÉCLAT D’OBUS
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— Oui, mon général, grâce à l’un des complices, sur qui j’ai eu la chance de mettre la main tantôt, et qui m’a fourni les indications nécessaires pour pénétrer ici, après m’avoir révélé en détail le plan de la comtesse Hermine et le nom de tous les complices. Ce soir, à dix heures, celui-là devait, si vous étiez en train de travailler dans votre villa, en avertir la comtesse au moyen de cette sonnerie. L’appel a eu lieu, mais sur mon ordre et donné par un de nos soldats.

— Bravo, et encore une fois merci, Delroze.

Le général s’avança dans le cercle de lumière. Il était grand et fort. Une épaisse moustache toute blanche lui couvrait la lèvre.

Il y eut parmi les assistants un mouvement de surprise. Bernard d’Andeville et sa sœur s’étaient rapprochés. Les soldats prirent la position militaire. Ils avaient reconnu le général en chef. Le commandant d’armée et le commandant de corps d’armée l’accompagnaient.

En face d’eux, les gendarmes avaient poussé l’espionne contre le mur. Ils lui délièrent les jambes, mais ils devaient la soutenir, car ses jambes flageolaient sous elle.

Et, plus encore que l’épouvante, c’était une stupeur indicible que son visage exprimait. De ses yeux agrandis, elle contemplait fixement celui qu’elle avait voulu tuer, celui qu’elle croyait mort, et qui vivait, et qui prononcerait contre elle l’inévitable sentence de mort.

Paul répéta :

— Mourir sans avoir fait le mal qu’on voulait faire, c’est cela qui est terrible, n’est-ce pas ?

Le général en chef vivait ! L’affreux et for-