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L’ÉCLAT D’OBUS
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sans raison, par entêtement stupide. Eh bien, tant pis pour eux ! Tant pis pour eux ! Vous l’aurez voulu ! Vous l’aurez voulu ! Je vous rends responsables. Il s’agissait d’un mot. Et ce mot…

Elle eut une hésitation suprême. La figure farouche et inflexible, elle épia ces hommes obstinés qui semblaient obéir à une implacable consigne.

Aucun d’eux ne bougea.

Alors on eût dit que, mise en face de la décision fatale, elle était envahie par un tel bouillonnement de volupté méchante qu’elle en oubliait l’horreur de sa situation. Elle prononça simplement :

— Que la volonté de Dieu soit faite, et que mon empereur soit victorieux !

Les yeux fixes, le buste rigide, du doigt elle leva la manette.

Ce fut immédiat. À travers les voûtes, à travers l’espace, le bruit de l’explosion lointaine pénétra jusqu’à la cave. Le sol parut trembler comme si le choc se fût propagé dans les entrailles de la terre.

Puis, le silence.

La comtesse Hermine écouta encore quelques secondes. Son visage était illuminé de joie. Elle répéta :

— Pour que mon empereur soit victorieux !

Et tout à coup, rabattant son bras contre elle, elle fit un effort violent en arrière, parmi les vêtements et les blouses auxquels son dos s’appuyait, eut l’air vraiment de s’enfoncer dans le mur, et disparut.

On entendit le fracas d’une lourde porte qui