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L’ÉCLAT D’OBUS

femme !… Paul Delroze, tu as annoncé six crimes. Voilà le septième, l’assassinat de la comtesse d’Andeville !

Le comte avait levé ses deux poings et les tenait devant la figure de la comtesse Hermine. Il tremblait de rage, et l’on eût dit qu’il allait frapper.

Elle, pourtant, demeurait impassible. Contre cette nouvelle accusation, elle n’eut pas un mot de révolte. Il semblait que tout lui fût devenu indifférent, aussi bien cette charge imprévue que toutes celles qui l’accablaient.

Tous les périls s’écartaient d’elle. Ce qu’elle avait à répondre ne l’obsédait plus. Sa pensée était ailleurs. Elle écoutait autre chose que ces paroles. Elle voyait autre chose que ce spectacle, et, comme l’avait remarqué Bernard, on eût dit qu’elle se préoccupait plus de ce qui se passait dehors que de la situation, cependant si effrayante, où elle se trouvait.

Mais pourquoi ? Qu’espérait-elle ?

Une troisième fois elle consulta sa montre. Une minute s’écoula. Une autre minute encore.

Puis, quelque part dans la cave, à la partie supérieure, il y eut un bruit, une sorte de déclenchement.

La comtesse se redressa. Et, de toute son attention, elle écouta, avec une expression si ardente que personne ne troubla le silence énorme. Instinctivement Paul Delroze et M. d’Andeville avaient reculé jusqu’à la table. La comtesse Hermine écoutait… Elle écoutait…

Et soudain, au-dessus d’elle, dans l’épaisseur même des voûtes, une sonnerie vibra. Quelques secondes seulement… Quatre appels égaux… Et ce fut tout.