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L’ÉCLAT D’OBUS

sous lequel vous avez réussi à gagner ma confiance. Plus tard, lorsque vous avez cherché à nouer entre nous des relations plus étroites, vous m’avez révélé votre véritable personnalité, espérant ainsi m’éblouir par vos titres et par vos alliances. J’ai donc le droit et le devoir de déclarer, devant Dieu et devant les hommes, que vous êtes bien la comtesse Hermine de Hohenzollern. Les parchemins que vous m’avez montrés sont authentiques. Et c’est justement parce que vous étiez la comtesse de Hohenzollern que j’ai cessé des rapports qui m’étaient d’ailleurs, je ne savais pas pourquoi, pénibles et désagréables. Voilà mon rôle de témoin.

— Rôle infâme, s’écria-t-elle furieusement. Rôle de mensonge, je vous l’avais bien dit. Pas une preuve !

— Pas une preuve ? fit le comte d’Andeville, qui s’approcha d’elle, tout vibrant de colère. Et cette photographie, envoyée de Berlin par vous, et signée par vous ? Cette photographie, où vous avez eu l’impudence de vous habiller comme ma femme ? Oui, vous ! Vous ! vous avez fait cela ! Vous avez cru qu’en essayant de rapprocher votre image et l’image de ma pauvre bien-aimée, vous évoqueriez en moi des sentiments qui vous seraient favorables ! Et vous n’avez pas senti que c’était la pire injure, pour moi, et le pire outrage, pour la morte ! Et vous avez osé, vous, vous, après ce qui s’était passé !…

Ainsi que Paul Delroze un instant auparavant, le comte était debout contre elle, menaçant et plein de haine. Elle murmura, avec une sorte d’embarras :

— Eh bien, pourquoi pas ?