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L’ÉCLAT D’OBUS

inexplicable, sans la moindre publicité, en cachette pour ainsi dire. Or, il arriva ceci, c’est que l’agent d’affaires à qui vous aviez donné vos instructions manœuvra si maladroitement que le château fut adjugé au comte d’Andeville, qui vint y demeurer l’année suivante avec sa femme et ses deux enfants.

» D’où colère, désarroi, et enfin, résolution de commencer quand même, et de pratiquer les premiers sondages à l’endroit où se trouvait une petite chapelle située, à cette époque, en dehors du parc. L’empereur vint plusieurs fois d’Ébrecourt. Un jour, en sortant de cette chapelle, il fut rencontré et reconnu par mon père et par moi. Dix minutes plus tard, vous accostiez mon père. J’étais frappé. Mon père tombait. Deuxième crime.

— Vous mentez ! proféra de nouveau la comtesse. Ce ne sont là que des mensonges ! Pas une preuve !

— Un mois plus tard, continua Paul, toujours très calme, la comtesse d’Andeville, contrainte par sa santé à quitter Ornequin, s’en allait dans le Midi, où elle finissait par succomber dans les bras de son mari, et la mort de sa femme inspirait à M. d’Andeville une telle répulsion pour Ornequin qu’il décidait de n’y jamais retourner.

« Aussitôt votre plan s’exécute. Le château étant libre, il faut s’installer. Comment ? En achetant le garde, Jérôme et sa femme. Oui, en les achetant, et c’est pourquoi j’ai été trompé, moi qui m’en rapportais à leurs figures franches et à leurs manières pleines de bonhomie. Donc vous les achetez. Ces deux misérables, qui ont en réalité comme