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L’ÉCLAT D’OBUS
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lection. Elle y avait employé toutes ses forces et toute sa perverse intelligence.

— Et même, rectifia Paul, je n’insisterai pas non plus sur la besogne gigantesque de préparation et d’espionnage que vous avez dirigée. Jusque dans un village du Nord, au sommet d’un clocher, j’ai trouvé l’un de vos complices armé d’un poignard à vos initiales. Tout ce qui s’est fait, c’est vous qui l’avez conçu, organisé, exécuté. Les preuves que j’ai recueillies, les lettres de vos correspondants comme vos lettres à vous, sont déjà entre les mains du tribunal. Mais ce que je veux mettre spécialement en lumière, c’est la partie de votre effort qui concerne le château d’Ornequin. D’ailleurs ce ne sera pas long. Quelques faits reliés par des crimes. Voilà tout.

Un silence encore. La comtesse prêtait l’oreille avec une sorte de curiosité anxieuse. Paul articula :

— C’est en 1894 que vous avez proposé à l’empereur le percement d’un tunnel d’Ébrecourt à Corvigny. Après études faites par les ingénieurs, il fut reconnu que cette œuvre « colossale » n’était possible et ne pourrait être efficace que si l’on entrait en possession du château d’Ornequin. Le propriétaire de ce château était justement d’une très mauvaise santé. On attendit. Comme il ne se pressait pas de mourir, vous êtes venue à Corvigny. Huit jours plus tard, il mourait. Premier crime.

— Vous mentez ! Vous mentez ! cria la comtesse. Vous n’avez aucune preuve. Je vous défie de donner la preuve.

Paul continua, sans répondre :

— Le château fut mis en vente, et, chose