crispés contre ses joues. Elle comprenait la situation. Il ne s’agissait plus de plaisanter ni de provoquer. Il ne s’agissait plus d’un marché à débattre. Dans la partie effroyable qu’elle jouait, toute chance de victoire lui manquait subitement. Elle devait subir la loi du vainqueur, et le vainqueur c’était Paul Delroze !
Elle balbutia :
— Où voulez-vous en venir ? Quel est votre but ? M’assassiner ?
Il haussa les épaules.
— Nous ne sommes pas de ceux qui assassinent. Vous êtes là pour être jugée. La peine que vous aurez à subir sera la peine qui vous sera infligée à la suite d’un débat légal, où vous pourrez vous défendre.
Elle fut secouée d’un tremblement et protesta :
— Vous n’avez pas le droit de me juger, vous n’êtes pas des juges.
La peur, ce sentiment qu’elle semblait ignorer jusqu’ici, la peur montait en elle.
Tout bas, elle répéta :
— Vous n’êtes pas des juges… je proteste… Vous n’avez pas le droit.
À ce moment, il y eut, du côté de l’escalier, un certain tumulte. Une voix cria : « Fixe ! »
Presque aussitôt la porte, qui restait entrebâillée, fut poussée et livra passage à trois officiers couverts de leurs grands manteaux.
Paul alla vivement à leur rencontre et les fit asseoir sur des chaises, dans la partie où la lumière ne pénétrait pas.
Un quatrième survint. Reçu par Paul, celui-là s’assit plus loin, à l’écart.
Élisabeth et Bernard se tenaient l’un près de l’autre.