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L’ÉCLAT D’OBUS
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Paul ne répondit pas.

… À dix heures ils descendaient tous trois devant la station de Corvigny. Il n’y avait plus de train. Tout le monde dormait. Sans se rebuter, Paul se rendit au poste militaire, réveilla l’adjudant de service, fit venir le chef de gare, fit venir la buraliste, et réussit, après une enquête minutieuse, à établir que, le matin même de ce lundi, une femme avait pris un billet pour Château-Thierry, munie d’un sauf-conduit en règle au nom de Mme Antonin. Aucune autre femme n’était partie seule. Elle portait l’uniforme de la Croix-Rouge. Son signalement, comme taille et comme visage, correspondait à celui de la comtesse Hermine.

— C’est bien elle, déclara Paul, lorsqu’il se fut installé à l’hôtel voisin, ainsi qu’Élisabeth et que Bernard, pour y passer la nuit. C’est bien elle. Elle ne pouvait s’en aller de Corvigny que par là. Et c’est par là que demain matin mardi, à la même heure qu’elle, nous nous en irons. J’espère qu’elle n’aura pas le temps de mettre à exécution le projet qui l’amène en France. En tout cas l’occasion est unique pour nous. Profitons-en.

Et comme Bernard répétait :

— Mais enfin, qui est-ce ?

Il répliqua :

— Qui est-ce ? Élisabeth va te le dire. Nous avons une heure devant nous pour nous expliquer sur certains points, et puis on se reposera, ce dont nous avons besoin tous les trois.


Le lendemain, ce fut le départ.

La confiance de Paul était inébranlable. Bien qu’il ne sût rien des intentions de la comtesse