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L’ÉCLAT D’OBUS

tence même est en jeu. Je demande à être conduit immédiatement près d’elle. Ce soir, elle et moi, nous serons en France. Il est indispensable que nous y soyons ce soir.

Il répéta ces mots du ton le plus ferme, et il ajouta :

— Quant aux prisonniers français, sire, leur remise sera effectuée dans les conditions qu’il vous plaira de préciser. En voici la liste avec leur lieu d’internement.

Paul saisit un crayon et une feuille de papier. Dès qu’il eut fini, l’empereur lui arracha la liste des mains, et aussitôt sa figure se convulsa. Chacun des noms, pour ainsi dire, le secouait de rage impuissante. Il froissa la feuille et la réduisit en boule comme s’il était résolu à rompre tout accord.

Mais soudain, à bout de résistance, d’un mouvement brusque, où il y avait une hâte fiévreuse d’en finir avec toute cette histoire exaspérante, il appuya par trois fois sur la sonnerie électrique.

Un officier d’ordonnance entra vivement et se planta devant lui.

L’empereur réfléchit encore quelques instants.

Puis il commanda :

— Conduisez le lieutenant Delroze en automobile au château de Hildensheim, d’où vous le ramènerez avec sa femme aux avant-postes d’Ébrecourt. Huit jours plus tard, vous le rencontrerez à ce même point de nos lignes. Il sera accompagné du prince Conrad, et vous des vingt prisonniers français dont les noms sont inscrits sur cette liste. L’échange se fera d’une manière discrète, que vous fixerez avec