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L’ÉCLAT D’OBUS

usage de son revolver et par conséquent sans attirer l’attention.

Et Paul, haussant peu à peu la voix, bredouillait des explications confuses auxquelles le sous-officier s’irritait de ne rien comprendre, lorsqu’un coup de feu claqua là-bas, suivi de deux autres détonations.

Sur le moment le sous-officier hésita, ne sachant pas très bien d’où venait le bruit. Les hommes, s’écartant de Paul, prêtèrent l’oreille. Alors il passa au milieu d’eux et partit en avant sans qu’ils se rendissent compte, dans l’obscurité, que c’était lui qui s’éloignait. Puis au premier détour il se mit à courir, et en quelques bonds atteignit la baraque.

D’un coup d’œil, il aperçut, à trente pas de lui, devant l’orifice du tunnel, Bernard qui luttait avec le prince Conrad, lequel essayait de s’échapper. Près d’eux, la sentinelle traînait à terre en gémissant.

Paul eut la vision très exacte de ce qu’il fallait faire. Porter assistance à Bernard et tenter avec lui le risque d’une évasion, aurait été de la folie, puisque leurs adversaires les eussent fatalement rejoints, et qu’en tout cas le prince Conrad eût été délivré. Non, l’essentiel était d’arrêter la ruée des hommes du poste, dont les ombres déjà apparaissaient au sortir du défilé, et de permettre à Bernard d’en finir avec le prince.

À moitié caché par la baraque, il tendit vers eux son revolver et cria :

— Halte !

Le sous-officier n’obéit pas et pénétra dans la zone éclairée. Paul tira. L’Allemand tomba, mais blessé seulement, car il se mit à commander d’une voix sauvage :