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L’ÉCLAT D’OBUS
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le hasard lui fit heurter un bloc de pierre qui vacilla. À tâtons, il se rendit compte que ce bloc retenait derrière lui tout un amoncellement de sable et de cailloux.

— Voilà ce qu’il me faut, se dit-il, sans même réfléchir.

D’un coup de pied violent, il ébranla la masse qui, aussitôt, suivant le creux d’un ravin, se précipita dans le défilé avec le fracas d’un éboulement.

D’un bond, Paul sauta parmi les pierres, s’étendit à plat ventre et se mit à crier au secours, comme s’il eût été victime d’un accident.

De l’endroit où il gisait, on ne pouvait, à cause des sinuosités du défilé, l’entendre des casernes, mais le moindre appel devait porter jusqu’à la baraque du tunnel, qui n’était distante que de cent mètres au plus. Et, de fait, les hommes du poste accoururent aussitôt.

Il n’en compta pas moins de cinq, qui s’empressèrent autour de lui et le relevèrent, tout en l’interrogeant. D’une voix à peine intelligible, il fit au sous-officier des réponses incohérentes, haletantes, d’où l’on pouvait conclure qu’il était envoyé par le prince Conrad à la recherche de la comtesse Hermine.

Paul sentait bien que son stratagème n’avait aucune chance de réussir au delà d’un temps très limité, mais toute minute gagnée était d’un prix inestimable, puisque Bernard en profitait pour agir de son côté contre le sixième homme en faction devant le tunnel et pour s’enfuir avec le prince Conrad. Peut-être même cet homme allait-il venir lui aussi… Ou bien peut-être Bernard se débarrasserait-il de lui sans faire