Page:Leblanc - L’Éclat d’obus, 1916.djvu/249

Cette page a été validée par deux contributeurs.
L’ÉCLAT D’OBUS
241

— reste là et retiens bien mes instructions. Tout d’abord, tu te charges du prince… revolver au poing et la main gauche fixée à son collet. S’il se rebiffe, tu lui casses la tête. Tant pis pour nous, mais tant pis pour lui également. De mon côté, je retourne à une certaine distance de la baraque et j’attire les cinq hommes du poste. Alors, ou bien l’homme qui monte la garde, là en-dessous, se joint à ses camarades — auquel cas tu passes avec le prince — ou bien, fidèle à sa consigne, il ne bouge pas — auquel cas tu tires sur lui, tu le blesses… et tu passes.

— Oui, je passe, mais les Boches courent après moi.

— Évidemment.

— Et ils nous rattrapent.

— Ils ne vous rattraperont pas.

— Tu en es sûr ?

— Certain.

— Du moment que tu l’affirmes…

— Donc, c’est compris. Et vous aussi, dit Paul au prince, c’est compris, n’est-ce pas ? La soumission absolue, sans quoi, une imprudence, un malentendu peuvent vous coûter la vie.

Bernard dit à l’oreille de son beau-frère :

— J’ai ramassé une corde, je vais la lui attacher autour du cou, et, à la moindre incartade, un petit geste sec le rappellera au sentiment de la réalité. Seulement, Paul, je te préviens que, s’il lui prend la fantaisie de se débattre, je suis incapable de le tuer… comme ça… froidement…

— Sois tranquille… il a trop peur pour se débattre. Il te suivra comme un chien jusqu’à l’autre bout du tunnel.