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L’ÉCLAT D’OBUS
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— Pas brave, l’héritier de Guillaume, ricana Bernard. Quelle frousse ! Voyons, jeune homme, il faut se remettre d’aplomb. Où est votre flacon de sels ?

Paul avait fini par lui introduire dans la bouche la moitié de la serviette.

— Maintenant, dit-il, partons.

— Que veux-tu faire ? demanda Bernard.

— L’emmener.

— Où ?

— En France.

— En France ?

— Parbleu ! Nous le tenons ; qu’il nous serve !

— On ne le laissera pas sortir.

— Et le tunnel ?

— Impossible ! La surveillance est trop active maintenant.

— Nous verrons bien.

Il saisit son revolver et le braqua sur le prince Conrad.

— Écoutez-moi. Vous avez les idées trop embrouillées pour comprendre mes questions. Mais un revolver, ça se comprend tout seul, n’est-ce pas ? C’est un langage très clair, même pour quelqu’un qui est ivre et qui tremble de peur. Eh bien, si vous ne me suivez pas tranquillement, si vous essayez de vous débattre et de faire du bruit, si mon camarade et moi nous sommes en péril un seul instant, vous êtes flambé. Le browning dont vous sentez le canon sur votre tempe vous fera sauter la cervelle. Nous sommes d’accord ?

Le prince remua la tête.

— Parfait, conclut Paul. Bernard, délie ses jambes, mais attache-lui les bras autour du corps… Bien… En route.