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L’ÉCLAT D’OBUS

— Quoi ?

— L’irruption d’une certaine personne de notre connaissance, la femme que j’ai rencontrée à Corvigny, celle qui ressemble si furieusement au major Hermann…

— Elle faisait une ronde ?

— Non, elle partait…

— Oui, je sais, elle doit partir.

— Elle est partie.

— Voyons, ce n’est pas croyable, son départ pour la France n’était pas immédiat.

— J’ai assisté à ce départ.

— Mais où ? Quelle route ?

— Eh bien, et le tunnel ? Crois-tu qu’il ne serve plus à rien, ce tunnel ? Elle a pris ce chemin-là, et sous mes yeux, et dans des conditions éminemment confortables… un wagonnet conduit par un mécanicien et actionné par l’électricité. Sans doute, puisque le but de son voyage était, comme tu le dis, d’aller en France, on l’aura aiguillée sur l’embranchement de Corvigny. Il y a deux heures de cela. J’ai entendu le wagonnet revenir.

La disparition de la comtesse Hermine était pour Paul un nouveau coup. Comment dès lors retrouver et comment délivrer Élisabeth ? À quel fil se rattacher parmi les ténèbres où chacun de ses efforts aboutissait à un désastre ?

Il se raidit, tendant les ressorts de sa volonté et résolu à continuer l’entreprise jusqu’au succès complet.

Il demanda à Bernard.

— Tu n’as rien remarqué d’autre ?

— Rien du tout.

— Pas d’allées et venues ?