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L’ÉCLAT D’OBUS
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de l’extérieur. Le soldat se trouvait dans un arrière-magasin dont la porte était ouverte. De leur cachette ils le virent qui décrochait d’une patère une énorme peau de bique qu’il jeta sur son épaule, puis qui prenait quatre bidons d’essence. Ainsi chargé, il sortit du magasin et passa devant Paul et Bernard.

Le coup fut vivement exécuté. Avant même qu’il eût le temps de pousser un cri, il était renversé, immobilisé et pourvu d’un bâillon.

— Voilà qui est fait, dit Paul. Maintenant donne-moi son manteau et sa casquette. J’aurais voulu m’épargner ce déguisement. Mais qui veut la fin…

— Alors, demanda Bernard, tu risques l’aventure ? Et si Karl ne reconnaît pas son chauffeur ?

— Il ne pensera même pas à le regarder.

— Mais s’il t’adresse la parole ?

— Je ne répondrai pas. D’ailleurs, dès que nous serons hors de l’enceinte, je n’ai plus rien à redouter de lui.

— Et moi ?

— Toi, attache soigneusement ton prisonnier et enferme-le dans quelque réduit. Ensuite retourne dans les massifs, derrière la fenêtre au balcon. J’espère t’y rejoindre avec Élisabeth vers le milieu de la nuit, et nous n’aurons qu’à prendre tous trois la route du tunnel. Si par hasard tu ne me voyais pas revenir…

— Eh bien ?

— Eh bien va-t’en seul, avant que le jour ne se lève.

— Mais…

Paul s’éloignait déjà. Il était dans cette disposition d’esprit où l’on ne consent même plus