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L’ÉCLAT D’OBUS
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C’était le salut d’Élisabeth, puisque seuls les deux bandits en voulaient à son existence.

Mais il redouta l’échec d’une tentative aussi audacieuse, et, sautant du balcon, il appela Bernard.

— Élisabeth part en automobile. Karl est avec elle et doit l’empoisonner. Suis-moi… le revolver au poing…

— Que veux-tu faire ?

— Nous verrons.

Ils contournèrent la villa en se glissant parmi les baissons qui bordaient l’allée. D’ailleurs, ces parages étaient déserts.

— Écoute, dit Bernard. Une automobile qui s’en va…

Paul, très inquiet d’abord, protesta :

— Mais non, mais non, c’est le bruit du moteur.

De fait, quand il leur fut possible d’apercevoir la façade principale, ils virent devant le perron une limousine autour de laquelle étaient groupés une douzaine de soldats et de domestiques, et dont les phares illuminaient l’autre partie du jardin, laissant dans l’ombre l’endroit où se trouvaient Paul et Bernard.

Une femme descendit les marches du perron et disparut dans l’automobile.

— Élisabeth, dit Paul. Et voici Karl…

L’espion s’arrêta sur la dernière marche et donna au soldat qui servait de chauffeur des ordres que Paul entendit par bribes.

Le départ approchait. Encore une minute et, si Paul ne s’y opposait pas, l’automobile emportait l’assassin et sa victime. Minute horrible, car Paul Delroze sentait tout le danger d’une intervention qui n’aurait même point l’a-