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L’ÉCLAT D’OBUS
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— Mais pour ces deux heures décisives, dit Bernard, le roi de Prusse a travaillé dix-sept ans !

— Et il arrive, conclut Paul, qu’en réalité c’est pour nous qu’il a travaillé, le roi de Prusse.

— Bénissons-le, et en route !

— Voulez-vous que mes hommes vous accompagnent ? proposa le lieutenant.

— Merci. Il est préférable que nous allions seuls, mon beau-frère et moi. Si cependant l’ennemi avait démoli son tunnel, nous reviendrions chercher du secours. Mais cela m’étonnerait. Outre qu’il avait pris toutes ses précautions pour que l’on ne pût en découvrir l’existence, il l’aura conservé pour le cas où lui-même devrait s’en servir de nouveau.

Ainsi donc, à trois heures de l’après-midi, les deux beaux-frères s’engageaient dans le tunnel impérial, selon le mot de Bernard. Ils étaient bien armés, pourvus de provisions et de munitions, et résolus à mener l’aventure jusqu’au bout.

Presque aussitôt, c’est-à-dire deux cents mètres plus loin, la lumière de leur lanterne de poche leur montra les marches d’un escalier qui remontait à leur droite.

— Bifurcation numéro 1, nota Paul. D’après mon calcul il y en a pour le moins trois.

— Et cet escalier mène… ?

— Évidemment au château. Et si tu me demandes dans quelle partie du château, je te répondrai : dans la chambre du portrait. C’est incontestablement par là que le major Hermann est venu au château le soir de l’attaque. Son complice Karl l’accompagnait. Voyant nos noms inscrits sur le mur, ils ont poignardé ceux qui