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L’ÉCLAT D’OBUS

— Mon cher camarade, conclut l’officier, après que Paul lui eût confié l’objet de son entreprise, je suis à votre entière disposition ; mais s’il s’agit de passer d’Ornequin à Ébrecourt, soyez-en certain, vous ne passerez pas.

— Je passerai.

— Par la voie des airs, alors ? dit l’officier en riant.

— Non.

— Donc, par une voie souterraine ?

— Peut-être.

— Détrompez-vous. Nous avons voulu exécuter des travaux de sape et de mine. Vainement. Nous sommes ici sur un terrain de vieilles roches dans lequel il est impossible de creuser.

Paul sourit à son tour.

— Mon cher camarade, ayez l’obligeance de me donner, durant une heure seulement, quatre hommes solides, armés de pics et de pelles, et ce soir je serai à Ébrecourt.

— Oh ! oh ! pour creuser dans le roc un tunnel de dix kilomètres, quatre hommes et une heure de temps !

— Pas davantage. En outre, je demande le secret absolu, et sur la tentative, et sur les découvertes assez curieuses qu’elle ne peut manquer de produire. Seul, le général en chef en aura connaissance par le rapport que je dois lui faire.

— Entendu. Je vais choisir moi-même mes quatre gaillards. Où dois-je vous les amener ?

— Sur la terrasse, près du donjon.

Cette terrasse domine le Liseron d’une hauteur de quarante à cinquante mètres, et, par suite d’un repli de la rivière, s’oriente exacte-