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L’ÉCLAT D’OBUS

L’officier d’administration l’attendait à la porte.

— Le sous-lieutenant Delroze est prévenu de ma visite ?

— Oui, mon général.

— Conduisez-moi dans sa chambre.

Paul Delroze était levé, le cou enveloppé de linge, mais le visage calme et sans trace de fatigue.

Très ému par la présence du grand chef dont l’énergie et le sang-froid avaient sauvé la France, il prit aussitôt la position militaire. Mais le général lui tendit la main et s’écria d’une bonne voix affectueuse :

— Asseyez-vous, lieutenant Delroze… Je dis bien lieutenant, car c’est votre grade depuis hier. Non, pas de remerciements. Fichtre ! Nous sommes en reste avec vous. Et alors, déjà sur pied ?

— Mais oui, mon général. La blessure n’était pas bien grave.

— Tant mieux. Je suis content de tous mes officiers. Mais, tout de même, un gaillard de votre espèce, cela ne se compte pas par douzaines. Votre colonel m’a remis sur vous un rapport particulier qui offre une telle suite d’actions incomparables que je me demande si je ne ferai pas exception à la règle que je me suis imposée, et si je ne communiquerai pas ce rapport au public.

— Non, mon général, je vous en prie.

— Vous avez raison, mon ami. C’est la noblesse de l’héroïsme d’être anonyme, et c’est la France seule qui doit avoir pour le moment toute la gloire. Je me contenterai donc de vous citer une fois de plus à l’ordre de l’armée,