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L’ÉCLAT D’OBUS
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sa colère s’évanouissait et se changeait en une stupeur infinie. Paul brandissait devant lui la preuve accablante que constituait le morceau de carton. Et il l’entendit murmurer :

— Qui m’a volé cela ? C’était dans mes papiers, à Paris… Mais aussi pourquoi ne l’ai-je pas déchirée ?…

Et, très bas, il articulait :

— Oh ! Hermine, mon Hermine bien-aimée !…

N’était-ce pas l’aveu ? Mais alors que signifiait un aveu exprimé en ces termes et avec cette affirmation de tendresse pour une femme chargée de crimes et d’infamies ?

Du rez-de-chaussée, le lieutenant hurla :

— Tout le monde aux tranchées de l’avant, sauf dix hommes. Delroze, gardez les meilleurs tireurs, et feu à volonté !

Les volontaires, sous la conduite de Bernard, descendirent en hâte. Malgré les pertes subies, l’ennemi approchait du canal. Déjà même, à droite et à gauche, des groupes de pionniers, constamment renouvelés, s’acharnaient à réunir les bateaux échoués sur la rive. Contre l’assaut imminent, le lieutenant des volontaires ramassait ses hommes en première ligne, tandis que les tireurs de la maison avaient mission, sous la rafale des obus, de tirer sans relâche.

Un à un, cinq de ces tireurs tombèrent.

Paul et M. d’Andeville se multipliaient, tout en se concertant sur les ordres à donner et sur les actes à accomplir. Il n’y avait point de chance, eu égard à la grande infériorité du nombre, que l’on pût résister. Mais peut-être pouvait-on tenir jusqu’à l’arrivée des renforts.