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L’ÉCLAT D’OBUS

s’il m’arrive malheur, et il faut alors que j’aie la force de le continuer et de te mettre chaque jour au courant. Peut-être comprends-tu déjà, d’après mon récit, ce qui me paraît, à moi, encore bien obscur. Quel rapport y a-t-il entre le passé et le présent, entre le crime d’autrefois et l’attaque inexplicable de l’autre nuit ? Je ne sais. Je t’ai exposé les faits en détail, ainsi que mes hypothèses. Toi, tu concluras, et tu iras jusqu’au bout de la vérité. »


Mercredi 26 août.

« Il y a beaucoup de bruit dans le château. On va et vient en tous sens et surtout dans les salons au-dessous de ma chambre. Voici une heure qu’une demi-douzaine de camions automobiles et autant d’automobiles ont débouché sur la pelouse. Les camions étaient vides. Deux ou trois dames ont sauté de chaque limousine, des Allemandes qui faisaient de grands gestes et riaient bruyamment. Les officiers se sont précipités à leur rencontre, et il y a eu des effusions de joie. Puis, tout ce monde s’est dirigé vers le château. Quel est leur but ?

« Mais il me semble qu’on marche dans le couloir… Cinq heures déjà…

« On frappe…


« Ils sont entrés à cinq, lui d’abord, et quatre officiers obséquieux et courbés devant lui.

« Il leur a dit en français, sur un ton sec :

« — Vous voyez, Messieurs. Tout ce qui est dans cette chambre et dans l’appartement réservé à Madame, je vous enjoins de n’y pas toucher. Pour le reste, à l’exception des deux grands salons, je vous le donne. Gardez ici ce