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L’ÉCLAT D’OBUS

Et rien ne pouvait émouvoir Paul plus profondément.

Il était seul, il lut :


Dimanche 2 août.

« Il n’aurait pas dû m’écrire cette lettre. Elle est trop cruelle. Et puis pourquoi me propose-t-il de quitter Ornequin ? La guerre ? Alors, parce que la guerre est possible, je n’aurais pas le courage de rester ici et d’y faire mon devoir ? Comme il me connaît peu ! C’est donc qu’il me croit lâche ou bien capable de soupçonner ma pauvre maman ?… Paul, mon cher Paul, tu n’aurais pas dû me quitter…


Lundi 3 août.

« Depuis que les domestiques sont partis, Jérôme et Rosalie redoublent d’attentions pour moi. Rosalie m’a suppliée de partir également. « Et vous, Rosalie, lui ai-je dit, est-ce que vous vous en irez ? » « Oh ! nous, nous sommes de petites gens qui n’avons rien à craindre. Et puis, c’est notre place d’être ici. » Je lui ai répondu que c’était la mienne aussi. Mais j’ai bien vu qu’elle ne pouvait pas comprendre.

« Quand je rencontre Jérôme, il hoche la tête et il me regarde avec des yeux tristes. »


Mardi 4 août.

« Mon devoir ? Oui, je ne le discute pas. J’aimerais mieux mourir que d’y renoncer. Mais comment le remplir, ce devoir ? Et comment parvenir à la vérité ? Je suis pleine de courage, et pourtant je ne cesse de pleurer, comme si je n’avais rien de mieux à faire. C’est que je pense surtout à Paul. Où est-il ? Que