Page:Leblanc - L’Éclat d’obus, 1916.djvu/104

Cette page a été validée par deux contributeurs.
96
L’ÉCLAT D’OBUS

saisit alors le volant à l’instant où l’automobile allait se heurter contre un arbre, la redressa et, la faisant filer au milieu des obstacles avec une grande habileté, la mena derrière un repli de terrain et, de là, vers la frontière.

Il était sauvé.

Aussitôt qu’il fut à l’abri des balles, les ennemis qui combattaient encore se rendirent.


Paul tremblait de fureur impuissante. Pour lui, cet être représentait le mal sous toutes ses formes, et, depuis la première jusqu’à la dernière minute de cette longue série de drames, assassinats, espionnages, attentats, trahisons, fusillades, qui se multipliaient dans un même sens et dans un même esprit, il apparaissait comme le génie du crime.

Seule, la mort de cet être aurait pu assouvir la haine de Paul. C’était lui, Paul n’en doutait pas, c’était lui le monstre qui avait fait fusiller Élisabeth. Ah ! l’ignominie ! Élisabeth fusillée ! vision infernale qui le martyrisait…

— Qui est-ce ? s’écria-t-il… Comment le savoir ? Comment parvenir à lui, et le torturer et l’égorger ?…

— Interroge un des prisonniers, dit Bernard.

Sur un ordre du capitaine, qui jugeait prudent de ne pas avancer davantage, la compagnie se replia pour demeurer en liaison avec le reste du régiment, et Paul fut désigné spécialement pour occuper le château avec sa section et pour y conduire les prisonniers.

En route, il se hâta de questionner deux ou trois gradés et quelques soldats. Mais il ne