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aloès et des cactus. Bientôt on aperçoit la villa Pompeiana.

Un escalier de pierre mène au perron qui s’étend devant les deux ailes. Au milieu s’ouvre une cour dallée, rappelant l’atrium des Romains, et quatre gros piliers soutiennent un portique circulaire orné d’un balcon. La façade est peinte en rose, avec des dessins blancs, festons, guirlandes, sirènes, chevaux marins, satyres.

Hélienne occupait là deux chambres. L’autre aile, les propriétaires se la réservaient, famille du pays, composée des parents et de la fille.

Il s’installa sur la terrasse. Se penchant, il eût remarqué la dégringolade des vignes, de maigres arbres, puis quelques maisons à toit carré que bombent les plafonds arrondis des chambres. Mais, de son fauteuil, il ne voyait que la mer.

Et c’était cela qu’il voulait. Son instinct lui avait indiqué le séjour de cette île comme efficace à ses tourments. Et il s’y était rendu ainsi que l’oiseau migrateur trouve sa route vers les contrées nécessaires.

Il s’expliquait son choix maintenant. Rien n’est plus calme que le calme de la mer. C’est le calme de la force contenue, c’est l’immobilité du mouvement. Les flots sont domptés, la surface aplanie, et le cerveau subit la même défaite. La mer est morte, le passé meurt aussi, et l’avenir ne surgit pas du néant.

Hélienne aspirait le bienfait de cette paix. Les parties vindicatives de son âme se dissolvaient en elle. L’eau purifie, l’eau guérit les plaies, l’eau lave les souillures. Il se souvenait de sa promenade en barque, le matin ; courbé sur la mer, il n’avait cessé de baigner son