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pées de cire et des cœurs que l’on transperce. Son ignorance ne lui toléra que des pratiques plus grossières. Le sel renversé porte malheur et aussi les fourchettes en croix, et la présence de trois lumières. Marc accumula ces manœuvres pernicieuses. Et il s’étonnait qu’aucun accident n’en dérivât.

De courtes lucidités lui signalaient parfois sa situation morale, comme des miroirs rapides où l’on consentirait loyalement à voir son vrai visage. Alors il se sentait à la merci du hasard. L’intervalle est mince entre le désir et l’exécution des moyens propres à le réaliser, surtout quand ce désir est aussi impérieux et se fortifie par des manifestations aussi violentes et aussi continues.

Il ne pouvait nier ceci, il voulait la mort de son père. La cherchant à l’aide de maléfices, reculerait-il si quelque combinaison s’offrait de meurtre possible, discret, silencieux, sans danger ni crainte de remords ?

— Semblables stratagèmes n’existent pas, se disait Marc avec assurance.

Cependant, pourquoi rester ? Besoin de bien-être, prétendait-il, soif de repos, mesure prudente contre les tentations du dehors. Non. Il restait ainsi que rôdent les malfaiteurs autour de la victime choisie, la surveillant comme un trésor qui doit leur échoir et qu’ils mettent à l’abri des convoitises étrangères.

Un matin, il trouva un mot de M. Hélienne. Son père lui annonçait une absence de trois jours. Marc fut affolé. Le vieux reviendrait-il ? N’avait-il pas fui, soupçonneux des projets qui s’agitaient en son fils ? Il interrogea Mélanie, la servante : tous les trimestres, M. Hélienne faisait la même absence. Cette