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rampait, s’arrêtait, tâtait les murs, puis se traînait encore.

De rares idées le heurtèrent. Son front dégouttait de sueur. Et il songeait stupidement :

— On verra les gouttes demain matin, c’est ennuyeux.

Il se rappela son premier crime. Cela s’était mieux passé. Quel dommage qu’il dût, cette fois, employer de tels moyens !

Ses genoux le brûlaient. Il fut obligé de serrer les mâchoires, car ses dents eussent claqué. Et il se dit :

— Oh ! j’ai peur, j’ai peur…

Peur de quoi ? De tout, de l’obscurité, de la mort, du silence, de l’homme même dont il allait parler à sa femme, peur au point d’être soulagé quand il arriva devant la porte.

Le but atteint, il eut hâte d’en finir. Il frappa. On ne répondit pas. Il frappa de nouveau, une voix gémit :

— Qui est là ?

— C’est moi, Marc, ouvre vite, dépêche-toi.

Il entendit un froissement de draps, puis le bruit des pieds sur le plancher, puis le grincement du verrou. Son cœur bondit de terreur. Il se souvint de son père. Louise, le vieux, les deux images se confondirent. La porte s’ouvrit. Il entra.


XI


À Paris, la tristesse de l’appartement inhabité depuis des mois impressionna Marc. Les meubles ensevelis dans le suaire des housses ont des aspects de fantômes accroupis. Des papillotes de