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ches de sa robe était relevée et la peau se dorait d’un reflet de soleil. La ligne des jambes s’accusait sous la jupe molle. Il la suivit tout frissonnant.

Mais il aperçut entre les doigts de Bertrande le squelette de la fleur. Et rapidement il s’en empara et colla contre ses lèvres le calice dépouillé. Elle fut stupéfaite.

— Oh ! Marc, ce n’est pas bien.

Il réfléchit une seconde. Un flot d’idées entrait de force à son cerveau. Il s’agenouilla près d’elle et d’une voix haletante :

— Ce n’est pas mal non plus, Bertrande. Voyez-vous, je souffre de notre désaccord. Mais je crois maintenant que vous en êtes responsable. Je n’ai pas à aller à vous, vous devez venir à moi, parce que je suis dans la vérité, et que j’agis selon l’ordre de la nature. Je te désire, Bertrande, j’aime ton âme claire et harmonieuse, mais j’aime aussi ton corps… Oh ! ne te révolte pas, c’est le droit de mon amour d’exiger que tu te donnes, il ne sera complet que ce jour-là, et ce jour-là viendra… tu entends… j’aime ton corps comme j’aime ton âme… ton corps que personne n’a touché !… et que je toucherai, moi, et que je posséderai.

Elle s’abattit sur son épaule.

— Oh ! Marc, ne dis pas tant de mots, ne vois-tu pas que je te désire aussi.

Elle se livrait, toute faible et toute confiante. Mais lui, perdant la tête, chercha ses lèvres. Elle le repoussa.

Cette fois, ils jugèrent inutile de s’éviter. Pourquoi ce surcroît de peine ? La sérénité de leur amour ne reviendrait pas. Devaient-ils pour cela sacrifier la joie de se voir ?

Ils continuèrent leurs entrevues quo-