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Puérilement, en citadin qu’intriguent les spectacles nouveaux de la nature, il souhaita de toucher et de fendre ces flots de ouate houleuse. Il mit des vêtements, des bottes et sortit.

Dehors, il s’émerveilla. Le lac de vapeur avait disparu. À peine de suprêmes flocons d’écume se déchiraient aux buissons des collines. Et au fond de la vallée, c’était un épanouissement luxuriant de verdure, une débauche d’herbes puissantes, et parmi les joncs et les feuilles, la coulée mystérieuse d’une petite rivière, le Bec.

Il y descendit. Devant l’eau, sur le sol trempé de rosée, il s’agenouilla, et, à pleines mains, lava ses tempes et ses yeux. Puis, sans s’éponger, il suivit le cours de la source. Mais au bord du ciel pâle, le soleil montait, et les gouttes se séchèrent qui mouillaient son visage.

Il marchait gaiement, les membres souples, les sens à l’affût. Oh ! la vie