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ment autour d’elle. Et son émotion, à lui, vibrait plus loyalement que tout.

De douces semaines s’écoulèrent. À la fin des entrevues, il se récompensait (de quoi ? il l’ignorait) en joignant son regard au regard de Bertrande. Durant cette union, il murmurait des choses que lui-même n’entendait point.

Dans les promenades communes, bien qu’ils ne cherchassent jamais à s’écarter de leurs compagnons, il leur arrivait de les précéder. Ils ne causaient guère, car le silence convenait mieux que les mots à l’expression de leurs idées. Quelquefois cependant Bertrande parlait. Et c’étaient toujours des histoires de bêtes, l’aventure d’un chien, les malheurs d’un oiseau. Ou bien elle racontait la floraison d’un rosier et l’avortement de boutures. Et Marc trouvait à ces récits l’intérêt de drames poignants.

Un jour, se rappelant qu’elle devait remonter la rivière jusqu’au Prieuré, il descendit à sa rencontre. Il la croisa à mi-chemin. Elle lui offrit une place dans le canot. Mais en s’engageant parmi les roseaux, il s’aperçut qu’il n’était pas venu seulement pour la voir. Il dit :

— Asseyons nous un moment d’abord, il fait si chaud !

— C’est, répliqua-t-elle, que j’ai promis à Louise…

Il insista :

— J’ai à vous parler.

Tandis qu’elle débarquait, il comprit en effet que le besoin de prononcer cer-