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pourquoi sans doute les paysans et les pêcheurs subissaient son autorité et que les commères ne la calomniaient point.

Marc sentait tout cela. Il le sentait assez nettement pour l’exprimer :

— Quand elle est là, tout me semble en ordre, les objets sont à leur place, les choses qui arrivent sont indispensables, il fait le temps qu’il doit faire.

Il ne se trouvait à l’aise qu’à ses côtés. Il la cherchait constamment comme on cherche les coins ensoleillés à la vilaine saison. Tout de suite il respirait, réconforté. Plus exigeant encore, il multipliait et prolongeait les poignées de main, il marchait dans son sillage, il posait ses yeux où elle posait les siens, pour emprunter, de la sorte, au rayonnement puissant de cette âme un peu de lumière et de chaleur.

Où allait-il ? vers quel désastre, ou vers quelle béatitude ? il n’en avait cure. La souffrance ne l’effrayait plus. Tout ce qui viendrait de Bertrande serait bien accueilli. Pourquoi l’avait-elle pris dans ses bras un soir et consolé de si délicate manière ? Par pitié ou par égarement ? Il n’y songeait pas. Il admettait tout naturellement qu’elle traversât une crise analogue, se développant en une direction parallèle à la sienne et s’affirmant aux mêmes heures et pour les mêmes motifs. Il ne doutait pas que cette créature d’harmonie s’accordât avec tout ce qui vibrait harmonieuse-