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trave d’un ruban ou d’un peigne.

— Ça devrait te plaire, disait Louise, que chagrinait l’humeur de son mari, aimerais-tu mieux qu’elle se vêtit à la mode, avec des robes ajustées et des costumes sur mesure ?

— Tu ne comprends pas, grognait-il, quoique l’observation l’embarrassât.

Allant chaque jour à la mer, il eut souvent l’occasion de porter chez les Altier une lettre de sa femme ou un paquet, ou un objet oublié. Jamais Bertrande n’était là.

— C’est comme une malchance, s’écriaient les bonnes gens, il est vrai qu’elle vagabonde de tous côtés, la chère petite.

Et tantôt ils la disaient à la pêche, tantôt à l’île de Noirmoutiers, tantôt en tournée de charité. À la fin, Marc, qui ne venait nullement pour la voir, s’irrita néanmoins qu’elle fût si régulièrement invisible.

Une fois, Mme Altier lui annonça d’un ton fort calme :

— Elle m’a fait prévenir hier que M. Berjole avait la fièvre et qu’elle ne rentrerait pas coucher. J’ai peur qu’elle ne se fatigue.

Il se rendit chez un coiffeur qui le rasait de temps à autre. Cet homme lui dit :

— La pauvre demoiselle Bertrande n’est pas heureuse avec son futur, elle y a encore passé la nuit.

Hélienne l’examina dans la glace. L’individu ne souriait même pas.

— C’est inexplicable, pensa-t-il, la conduite de cette Bertrande est d’une inconvenance ridicule, et ils ont l’air de la trouver très naturelle. Comment accorder cela avec les mœurs rigides de la province ?