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rait la clarté de la peau. Sa fureur grondait.

Élisabeth continua la même tactique, se montrant en corset ou se déshabillant en sa présence, avec tant d’aplomb qu’il distinguait aisément ce à quoi elle tendait. Leurs yeux se rencontrèrent plusieurs fois. Ceux de Marc ricanaient :

— Je crois que c’est peine perdue.

Ceux d’Élisabeth souriaient :

— Tu y viendras, mon petit.

Il y vint en effet, malgré lui, après deux semaines de résistance haineuse. Comme elle entrait au lit, il l’empoigna par les épaules. Elle le repoussa.

— Ah ! non, mon ami, cela jamais.

Il balbutia :

— Pourquoi ? pourquoi ? c’est mon droit…

— Ton droit ? était-ce ton droit de jeter notre ami Frédéric à la porte ?

— Dis plutôt : ton amant.

— Prouve-le.

Dénué d’argument, Marc le lui prouva en la rouant de coups. Et il pensait :

— C’est du propre, j’en suis à battre les femmes.

La situation resta donc aussi obscure. Pour l’éclaircir de temps à autre, Hélienne proposait une réconciliation et accueillait par une gifle l’inévitable refus. Mais il s’avouait la puérilité de l’expédient.

Il souffrait beaucoup. Tout ce qui est symptôme de douleur profonde s’affirmait en lui : paupières cernées, appétit inégal, mouvements saccadés, paroles incohérentes. L’incendie de sa chair ne s’apaiserait qu’au baiser de cette femme. Il la voulait désespérément. N’aurait-elle pas pitié de son mal ! Il l’exagérait dans ce but.

Élisabeth s’apitoya sans doute davan-