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du véhicule. Marc s’éloigna, puis deux cents pas plus loin, se retournant, il l’aperçut qui se glissait vers sa demeure.

L’énervement du doute lui fut épargné. Il entra du coup en pleine certitude. Cela le frappa d’une telle stupeur qu’il ne se sentit pas blessé. Il continua son chemin. Simplement sa mémoire lui présentait la liste des détails qui depuis le début de sa liaison avec Élisabeth prouvaient l’entente coupable.

Mais, dès son arrivée, il souffrit. Frédéric s’écria :

— Je te précède de quelques instants.

« C’est toujours la même phrase, se dit Hélienne. Je ne l’avais jamais observé. » Son amour-propre saigna. Comme ils devaient se moquer ! La confiance est chose si ridicule. L’idée de sa supériorité sur eux lui rendait plus amer son métier de dupe.

Les deux complices jouaient aux cartes, assis l’un près de l’autre sur une chaise longue qui servait de table. Élisabeth portait un peignoir de flanelle bleue sous lequel on la devinait nue. Marc lui attribua des gestes las. Sûrement, elle s’était livrée pendant son absence.

Sa douleur flamba. Et, dans le grand brasier rouge, le bourreau de jalousie jetait les rancunes de la chair, les évocations d’enlacements éperdus, le soupçon de caresses neuves. Il eût voulu crier. Un besoin de vengeance le contraignit à se taire. Et il s’enquérait de la façon la plus rapide et la plus cruelle dont elle s’exercerait.

Il la souhaita physique. Que ses mains et ses yeux en eussent bien conscience, comme d’un objet que l’on palpe et que l’on voit ! Aux ongles une envie le tour-