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Marc revenait à ses besognes de chair. Il y trouvait jouissance et torpeur. Il les aimait. Combien peu dangereuse maintenant lui paraissait la bête de cauchemar, tapie jadis sous les meubles, cachée derrière les rideaux ! Oserait-elle sortir de sa tanière aujourd’hui qu’un autre être le couvrait de sa protection ?

À cause de cela, Marc s’attachait à sa maîtresse. Il le disait, quoiqu’en termes incompréhensibles, tellement au fond il avait du mépris pour elle :

— Tu es mon bouclier, tu es le manteau que j’enroule autour de mon bras, tu es ma cotte de mailles, ma cuirasse d’acier, mon caparaçon de cuir.

Elle se fâchait, mais toute querelle s’achevait en étreinte.

Les beaux jours sourirent et les arbres fleurirent. C’était l’époque fixée pour l’œuvre de régénération. Ici s’ouvrait l’ère de la noblesse et des cultes spirituels. Marc Hélienne s’en souvenait. Cependant il sentait qu’en trahissant le programme, il ne dérogeait pas à l’esprit de ce programme. Sur la tombe où il avait enseveli le passé, l’état de choses actuel accumulait les couches étouffantes des petits faits quotidiens, et le passé ne ressusciterait pas.

Il ne sut pas au juste s’il obéissait à la prudence ou à la lâcheté. Aurait-il pu s’affranchir si aisément des servitudes amoureuses ?

Les trois amis s’installèrent à Fontainebleau, puis en octobre on revint à Paris. Quoique satisfait de son existence, Marc commençait néanmoins à prévoir l’utilité d’autres distractions.

Or, un après-midi, à l’heure de sa promenade, il avisa Frédéric qui se dissimulait derrière une voiture. À son approche le jeune homme tourna autour