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la fortune de m. fouque

À cette occasion le cercle lui offrit un banquet. Il le présida en homme accoutumé aux ovations publiques. On remarqua son aisance, son affabilité, la bonhomie avec laquelle il s’adressait à chacun.

On prononça des discours. Lui se contenta de quelques mots émus et pleins de tact. Il sentait son indignité et reportait tout le mérite de son succès sur sa qualité de membre de l’Union.

— Je regrette infiniment, continua-t-il, de ne point savoir quel est l’homme de cœur dont le concours m’a été si précieux et qui a mis sa vaillante plume à mon service. Qu’il rejette donc son masque, ce pseudonyme de F., par lequel sans doute il veut me signifier sa Foi, sa Fidélité.

Un des assistants interrompit :

— Comment, vous ne savez pas ? Mais c’est Ferrand !

M. Fouque leva la tête fièrement et, d’une voix forte, reprit :

— Eh bien, mes chers collègues, dans ma joie, je n’ai qu’une douleur, c’est que mon ami Ferrand ne soit pas ici pour trinquer avec nous.

Les applaudissements éclatèrent. On loua sa présence d’esprit.