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la fortune de m. fouque

une révélation. Elle avait enfin rencontré l’âme-sœur.

Elle se livra simplement. Cela ne lui procura ni joie ni douleur. Elle n’eut pas l’immense bonheur de l’amante, elle ne joua pas non plus la scène de désespoir de l’épouse coupable.

La découverte de sa trahison et la façon dont se termina l’aventure la désillusionnèrent. Elle se rappela l’étreinte interrompue brusquement, les hurlements de M. Fouque, l’effroi comique de Ferrand, qui tremblait, le visage blafard, sans oser répondre, sans même desserrer les bras.

Elle conçut des doutes sur la véracité de Balzac. Les choses ne s’accomplissent pas aussi banalement dans la comédie humaine. L’adultère, la dégoûta.

Puis son mari lui en imposait. Elle ne lui savait pas cette fermeté implacable. « L’affront sanglant » dont il souffleta Ferrand, et la désinvolture avec laquelle il lui enleva sa maîtresse lui inspirèrent une certaine admiration mêlée de dépit. Elle se promit de le reconquérir.

Chaque jour maintenant elle allait le prendre à son bureau, et ils revenaient ensemble, rendaient des visites, achetaient leurs provisions.