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la fortune de m. fouque

— Je paye du champagne… Garçon… Alfred… trois mousseuses !

Quelques minutes après, les bouchons jaillirent. Il emplit lui-même les coupes et les flûtes et s’écria :

— Allons… trinquons… à votre santé, mes bons amis.

On riposta : « À la vôtre, Fouque » et chacun des membres vint cogner son verre contre le sien.

Ses doigts tremblaient, il éclaboussait les manches, balbutiait des mots émus qui s’achevaient en hoquets, et, saisi d’attendrissement, pleurait dans le champagne de ses collègues.

Enfin on l’entraîna à moitié ivre, et ce fut le père Ruffaut qui se chargea de le reconduire.

Ils s’en allèrent tous deux le long du quai, esquissant des lignes brisées. Ils chantonnaient, discouraient en même temps et, au bord du fleuve paisible, M. Fouque, le chapeau sur l’oreille, gémissait encore :

— J’arrachai de l’herbe… l’âne se rangea… je grimpai… Hein ! le suis-je assez ?

Il arrêtait son compagnon :