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le fils aux duramé

Et lui-même, en grandissant, affecta vis-à-vis d’eux des airs de supériorité qui leur en imposaient.

Les Duramé d’ailleurs développaient sa vanité par les égards excessifs dont ils entouraient leur fils. Ils tremblaient qu’il n’eût le même sort que le vrai Marcel, le Marcel qu’on leur avait confié. Ils l’aimaient certes de toute leur affection de père et de mère, mais plus encore ils l’aimaient de toute leur cupidité. Il était la source de leur fortune et cette fortune, il fallait la garder, en surveillant la vie de l’enfant.

Aussi ils le choyaient, le dorlotaient, s’inquiétaient à tout moment de sa santé.

— T’foules pas trop, mon gars, disaient-ils, t’auras d’quoi.

Ils l’empêchaient de rendre ces menus services que les petits paysans rendent chez eux. Et une fierté les prenait à contempler ce grand garçon qui bâillait d’un air ennuyé :

— I’nous rapporte plus en n’fichant rien, l’feignant, s’exclamait Victor, qu’tous ces morveux qui triment ed’leur deux mains.

Lorsqu’il eut onze ans, les Duramé consul-