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le fils aux duramé

lui fort, bien bâti, de gestes lents et d’esprit borné ; elle, sèche, taciturne, âpre au gain, infatigable.

Leur première récolte avait mal rendu, une de leurs vaches était morte. Et peu à peu ils se sentaient acculés, étreints, vaincus par la misère ! De tous côtés elle les assaillait, la grande ennemie ! Ne leur fallait-il pas encore engager un valet, maintenant que Césarine, obligée de nourrir, laissait de l’ouvrage en souffrance ?

Cette nécessité immédiate les effrayait surtout. Ils en parlaient ce soir-là, agitaient la question, calculaient avec terreur ce que leur coûterait cette charge imprévue.

Des cris s’élevèrent. Césarine se dirigea vers le berceau, saisit le poupon, se rassit et lui tendit le sein.

Il y eut un long silence que scandait seul le bruit doux de la tétée.

Soudain des pas retentirent dehors, puis la porte s’ouvrit brusquement. Un homme entra, un monsieur qui portait un paquet dans ses bras. Il s’arrêta, inspecta d’un coup d’œil les deux paysans, la salle, le nourrisson, et demanda :

— C’est bien vous les Duramé ?