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un amour

nières forces. Elle sortait à peine, ne franchissait jamais les limites de sa propriété et s’alitait des semaines entières. Quand arrivait Jacques cependant, elle rassemblait toute son énergie et se présentait, souriante et joyeuse. L’amour la soutenait, cet immuable amour dont elle se mourait.

Il assistait, lui, au dépérissement de son amie sans vouloir ouvrir les yeux. Pour ignorer toute la vérité que lui révélaient cette pâleur livide, ces paupières bleuies, ce cou ridé, ce souffle haletant, il se retirait chez lui et se ruait au plaisir. Sa nature fine s’alourdit au contact de ses compagnons de débauche, des hobereaux mal élevés qui buvaient ferme et culbutaient les filles de campagne.

Honteux de sa conduite, il se montait la tête avant de reparaître auprès de Marthe, et préparait un tas de méchantes excuses et d’explications niaises. Mais, de suite, s’empêtrant dans ses arguments, il s’emportait. Tout devenait matière à querelles. Il déblatéra contre le passé. La faute de sa maîtresse lui suggérait des questions outrageantes et de grossières plaisanteries. Elle, écoutait patiemment, quand même miséri-