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un amour

nelles, ses soldats de plomb, ses locomotives en fer-blanc, qu’à l’insu l’un de l’autre, ils venaient de temps en temps toucher, ranger, épousseter.

Et un surcroît de misère s’appesantit sur Marthe. Jacques se détachait d’elle. Elle distinguait les symptômes de lassitude qu’elle avait remarqués jadis sans toutefois songer à en étudier la nature. C’était les mêmes impatiences, le même empressement à se soustraire aux tête-à-tête et aux baisers. Son affection s’effritait, s’émiettait, tombait en poussière comme une maison vermoulue, et l’écroulement final se fût déjà produit, si la jalousie de Civialle n’eût étayé les ruines de cet amour.

C’est qu’elle ne le lâchait pas, son implacable ennemie. Elle avait versé en lui un poison que le temps n’évaporait point, et, si vide de passion que fût son cœur, il n’en était pas moins rempli de l’obsédante image de Marthe. La souillure (selon le mot qu’il employait) la souillure de sa maîtresse le retenait plus sûrement que toutes ces chaînes de l’habitude et de la reconnaissance qui rivent l’un à l’autre les vieux amants.

Parfois il brisait bien sa laisse et s’en allait,