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un amour

II


Ils se taisaient, gênés tous deux. Lui, l’observait. Il la trouva plus pâle, plus belle. Une émotion désagréable l’assaillit, ce dépit que l’on éprouve à constater la beauté d’une femme qui n’est plus à vous. Elle, la froideur de cette entrevue la stupéfiait, dans ce boudoir où jadis ils s’étreignaient de suite, la porte à peine refermée. Elle le regarda bien en face, il détourna la tête et bêtement articula :

— Vous allez bien depuis ?…

Elle l’interrompît, déjà maîtresse d’elle, et lui dit comme à un étranger :

— Pardon, monsieur, d’où me vient l’honneur ?…

Cette question acheva de le décontenancer ; il n’osait parler, ayant obéi malgré lui à un motif impérieux et inavouable. Il balbutia :